Lettre de Mgr Sylvain Bataille aux prêtres, diacres, laïcs en mission ecclésiale et à tous les fidèles
Saint-Etienne, le 7 novembre 2020
Chers amis,
Comme vous le savez le Conseil d’Etat a été saisi par différents groupes de catholiques, dont Mgr Eric de Moulin-Beaufort au nom de la Conférence des Evêques de France, à propos de la liberté de culte en ce temps de confinement.
Les pouvoirs publics peuvent donner des limites aux rassemblements en ces périodes de grave crise sanitaire, et c’est même de leur responsabilité. Comme chrétiens, membres de la société, non seulement nous y sommes soumis comme les autres, mais nous voulons vivre pleinement cette solidarité, sans nous engager dans des revendications catégorielles déplacées ou opportunistes. Cependant les pouvoirs publics n’ont pas à intervenir sur la nature des rassemblements dans une église, ni à décider de ce qui est essentiel ou non pour des croyants. C’est sur ce point-là que le décret du 29 octobre dernier était contestable, et de plus sujet à des interprétations très diverses. Le Conseil d’Etat s’est prononcé, et s’il ne nous a pas donné entièrement raison, il a clarifié un certain nombre de points et soulevé de vraies questions. Je vous joins donc son communiqué de presse qui nous éclaire sur ce qu’il est possible de faire aujourd’hui et qui ouvre des perspectives pour les prochaines semaines.
Sur les questions qui concernent notre rapport à la société, les positionnements entre nous, et au sein de nos communautés, peuvent être très différents et souvent clivants. Cependant, ensemble nous formons une seule Eglise. Pour servir sa communion, nous avons à être respectueux les uns des autres et justes dans nos positionnements. D’une part il nous faut être sérieux dans l’application des mesures sanitaires, et d’autre part nous engager, autant que possible dans ce contexte, pour que la foi soit nourrie, pour que la charité soit active, en particulier auprès des plus fragiles, et pour que l’espérance soit fortifiée.
Unis par notre commun désir de suivre le Christ et de vivre l’Evangile, je vous souhaite un bon dimanche, bien que malheureusement nous ne puissions pas nous retrouver pour célébrer ensemble l’Eucharistie.
+ Sylvain Bataille
Évêque de Saint-Etienne
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Communiqué de la Conférence des évêques de France
La Conférence des évêques de France (CEF) et Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la CEF, prennent acte de la décision du juge des référés du Conseil d’État rejetant leur requête contestant le décret n° 2020- 1310 du 29 octobre 2020 comme portant atteinte à la liberté de culte.
Le juge a rappelé que la liberté de culte était une liberté fondamentale et qu’elle s’exerçait tant individuellement que collectivement. Il a rejeté le recours en s’appuyant uniquement sur un motif sanitaire.
La Conférence des évêques de France et Mgr Éric de Moulins-Beaufort resteront vigilants face à toute limitation de la liberté de culte dans un temps où, pour des raisons sécuritaires, les pouvoirs publics veulent renforcer leur surveillance de tous les cultes.
Les évêques déplorent avant tout que les fidèles demeurent ainsi dans l’impossibilité de participer à la messe, sommet de leur foi et rencontre irremplaçable avec Dieu et avec leurs frères.
Demander à pouvoir assister à la messe n’a rien d’une revendication catégorielle : la prière de l’Église catholique est universelle. Dans sa liturgie, elle supplie Dieu pour la paix et pour le bien de tous les peuples, sans oublier ceux qui exercent l’autorité et ont en charge le bien commun.
« Que chacun obéisse aux autorités » dit saint Paul (Romains 13, 1) : avec regret et conscient de l’effort spirituel qu’il demande, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France demande aux fidèles et aux prêtres de respecter cette décision.
Les églises restant ouvertes, elles sont des lieux qu’il faut habiter et où l’on peut venir pour se recueillir, prier, adorer le Seigneur et y recevoir les sacrements comme celui de la Réconciliation.
Le juge des référés a précisé que des instructions avaient été données par les pouvoirs publics pour que toute personne puisse se rendre dans une église proche de son domicile sans condition de distance et en cochant, dans l’attestation de déplacement, la case « motif familial impérieux ». Les ministres du culte peuvent continuer à recevoir des fidèles et à se rendre au domicile de ceux-ci comme dans les établissements dont ils sont aumôniers.
Les paroisses et les communautés sauront une nouvelle fois faire preuve d’ingéniosité pour nourrir la vie spirituelle de tous, même à distance, accompagner les enfants dans leur parcours catéchétique, soutenir les personnes âgées et isolées, servir les pauvres et les personnes en situation de précarité. Les évêques n’oublient pas les fidèles qui attendaient la célébration de leur baptême, de leur confirmation et de leur mariage
Le juge des référés a particulièrement tenu compte du fait que les règles actuelles vont faire d’ici le 16 novembre « l’objet d’un réexamen de leur caractère adapté et proportionné, ce qui suppose l’engagement à bref délai d’une concertation avec l’ensemble des représentants des cultes, destinée à préciser les conditions dans lesquelles ces restrictions pourraient évoluer ».
La Conférence des évêques attend avec impatience la concertation annoncée.
Accéder au Communiqué sur le site de la CEF
Communiqué du Conseil D’État
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