Retour sur la journée de rentrée des acteurs pastoraux auprès des jeunes
Voir le témoignage vidéo du P. Patrick Frenay et de Véronique Maillot
En fin de journée, la participation de Jean-Louis Reymondier, diacre, responsable de l’Antenne (1) de prévention et de lutte contre les abus a été l’occasion de présenter le nouveau dépliant de sensibilisation destiné à toute personne en contact avec les jeunes ainsi que le document d’adhésion aux principes éducatifs de vigilance et de protection proposé pour cette rentrée à la signature de toute personne en relation éducative avec des mineurs ou personnes vulnérables.
Prévention des abus. Où en est-on dans notre diocèse ?
Pouvez-vous nous rappeler quelles ont été les grandes étapes dans la réponse diocésaine face au drame des abus sexuels dans l’Église ?
Jean-Louis Reymondier. Il y a eu tout d’abord, à la demande de notre évêque, cette grande journée de sensibilisation des acteurs pastoraux (prêtres, diacres, laïcs en mission ecclésiale, chefs d’établissements…).qui, en janvier 2018, a rassemblé 400 personnes. Différents intervenants – théologien, magistrat, psychiatre, pédagogue – ont présenté les conséquences des violences commises, même des décennies auparavant et aussi quels outils de prévention commençaient à se mettre en place. C’est ce jour-là qu’a été présentée la charte qui, pour notre diocèse, engage chaque personne en responsabilité de coordination auprès des enfants (prêtres, diacres, LEME, religieux chefs d’établissement et séminaristes) à participer à l’action de l’Église et à celle de la société pour prévenir le drame vécu par les victimes de la pédophilie et à œuvrer en faveur de la protection des mineurs et des personnes vulnérables. Par cette charte, ils attestent également ne pas avoir commis d’agression sur des mineurs. L’adhésion à cette charte est une des conditions à toute embauche sans le diocèse. Aujourd’hui, un document proposé aux paroisses permet d’étendre ce dispositif à toute personnes en relation, en contact avec des mineurs.
Un autre étape à été la diffusion, à la rentrée 2019, d’un “guide pratique pour de justes relations éducatives” de 25 pages, destiné à tous ceux qui encadrent les animateurs d’enfants et de jeunes pour leur permettre de former les bénévoles à la prévention et à la vigilance. Un document simplifié “Points de repère pour de justes relations éducatives” a été édité pour les animateurs bénévoles en contact avec des mineurs. Il vient d’être actualisé à cette rentrée et remis aujourd’hui aux coordinateurs des paroisses.
Enfin, je termine simplement qu’en mars 2021, les évêques rassemblés à Lourdes ont décidé un certain nombre de résolutions, 11 précisément, importantes et audacieuses. Il s’agissait non seulement de reconnaître, au sein de notre Église, certains manquements passés dans l’attention aux victimes et la gestion des ces situations. Mais aussi de poser des gestes forts pour la suite. Une soirée, proposée en direct le 9 juin dernier sur notre chaîne YouTube nous a permis de présenter ces décisions et de faire le point sur tous les outils disponibles ou partenariats tissés sur notre diocèse.
Bruno Prangé. Je voudrais jute rappeler que de nombreuses personnes m’ont témoigné combien cette journée de janvier 2018 avait été un électrochoc et l’occasion d’une prise de conscience beaucoup plus concrète sur ce drame. Comme lieu d’éducation, l’Enseignement catholique est naturellement concerné. L’enseignement catholique a avancé de son côté au niveau national. En juin 2018, un “programme de protection des publics fragiles” (PPPF). Ce document est assorti de fiches thématiques – par exemple la question de l’écoute du témoignage d’un enfant, celle de la confidentialité etc. – très claires, suffisamment précises et opérationnelles Le PPPF était également accompagné par un texte tout à fait stimulant intitulé “de la lutte contre la maltraitance à la bientraitance éducative”. Il me semble que là l’enjeu. Tout en creusant les conditions d’une vigilance active et d’un système collectif d’alerte efficace autour des questions de maltraitance, comment vivre, à l’école, une véritable “bientraitance éducative” ? L’élaboration du Guide diocésain pour de justes relations éducatives va dans ce sens. Si sa rédaction a été pilotée par l’Antenne, nous avions apprécié, notamment au Conseil des tutelles, de pouvoir nous en saisir et apporter notre réflexion. Outre ce travail, nous avons mené plusieurs chantiers qui prolongent encore la réflexion; par exemple, l’éducation “à la relation” à partir d’une anthropologie chrétienne ou encore la prévention et lutte contre le harcèlement entre élèves. Cette année, nous travaillerons avec les enseignants ce que peut être une “école inclusive”. Même si nous travaillons avec des publics différents – pour nous, les enseignants, APS, cadres éducatifs – c’est une chance de pouvoir partager une même vision et très concrètement, de vrais temps de collaboration comme cette journée de rentrée.
P. Patrick Frenay. C’est l’intérêt d’une journée comme celle-ci. Continuer de déployer cette thématique.Comme l’a rappelé Bruno Prangé – sans renoncer au traitement précis des questions d’abus et de maltraitance mais en creusant ce que peut et doit être, pour tous les acteurs éducatifs, une relation ajustée avec les enfants ou les jeunes. Grâce notamment aux intervenants extérieurs, la journée de rentrée nous permet de prendre un peu de recul, d’entrer dans une analyse de notre pratique. Elle favorise et concrétise cette coopération de l’ensemble des services diocésains en relation avec les enfants, les jeunes dans une vraie dynamique de “pôle”. Le chantier est vaste. Au-delà des acteurs eux-mêmes, notre défi, c’est bien de permettre à chaque jeune de se construire dans un authentique sens de la liberté et du discernement.
Propos recueillis par Hervé Hostein
Mr Jean-Louis Reymondier, diacre, est responsable de l’Antenne diocésaine
de prévention et de lutte contre les abus,
Mr Bruno Prangé est directeur diocésain de l’Enseignement catholique,
P. Patrick Frenay est coordinateur du Pôle Jeunes
et responsables de la pastorale des jeunes.
(1) Cette antenne réunie autour de l’évêque et du Vicaire général, est constituée de professionnels des secteurs de la justice, du social, du soin et de l’éducation, le chancelier, le directeur diocésain de l’Enseignement Catholique, le responsable du service communication.
Le délégué diocésain à la protection des mineurs et des personnes vulnérables anime cette instance.
Elle a pour objectif de
- Conseiller l’évêque.
- Mettre en place d’actions de prévention.
- Elaborer des outils de sensibilisation et de formation des acteurs pastoraux et des chrétiens du diocèse.
- Gérer des situations particulières.
Quelques personnes de l’antenne plus spécialisées accompagnent le délégué au nom de l’évêque pour recevoir les personnes qui se présentent comme victimes.