Communiqué suite à l’annonce du plan de déconfinement
Ensemble confrontés à la pandémie du Coronavirus, nous vivons un moment de bouleversements et de grandes incertitudes. Le virus est encore mal connu, il n’y a pas de traitement définitif ni de vaccin possible à court terme. Par conséquent, c’est essentiellement par nos comportements personnels et collectifs que nous pouvons limiter sa propagation et épargner des vies. Nous exprimons volontiers, et à très juste titre, notre gratitude à l’ensemble du personnel soignant. Au nom de la communauté des catholiques de la Loire, je voudrais aussi l’exprimer à tous ceux qui assument des responsabilités dans notre société, au niveau local, et l’on sait l’investissement des maires, mais aussi aux niveaux départemental et national, qu’il s’agisse des élus, des responsables associatifs ou des membres des services des collectivités territoriales et de L’État. Leur mission est bien délicate, d’une part à cause de l’ampleur du phénomène et des incertitudes qui planent, et d’autre part parce que toute autorité est fortement contestée aujourd’hui dans notre société.
Des mesures ont été prises sur le plan sanitaire comme sur le plan économique. Elles sont certainement, pour la plupart, indispensables. Cependant, la réponse à la crise que nous vivons ne peut pas être seulement technique. Cette situation demande une force intérieure, un surcroît d’humanité, pour accepter les contraintes qui s’imposent à nous et qui bouleversent nos modes de vie, pour faire face à un avenir inconnu, à de grands isolements et à une mort très présente. Certains parmi nous en font encore plus douloureusement l’expérience, notamment les personnes âgées confinées dans les EHPAD, les malades dans les hôpitaux, les détenus dans les prisons, les personnes en précarité. Quand les relations sont réduites à l’excès, comment trouver des raisons de se battre pour vivre, des personnes sur qui s’appuyer ? La présence des proches, des aumôniers et des écoutants est donc décisive.
Ce surcroît d’humanité si nécessaire aujourd’hui, les catholiques le puisent dans une vie spirituelle au cœur de laquelle la célébration de la messe est essentielle ; en être privés depuis le début du confinement est une vraie souffrance pour beaucoup. Nous avons dû célébrer Pâques autrement, dans un esprit de responsabilité et de solidarité. Faut-il aussi vraiment vivre la grande fête de Pentecôte, le 31 mai prochain, sans un minimum de célébrations ? Au moment où l’on va réouvrir plus largement les écoles, les commerces, les industries, les possibilités de se déplacer localement, y compris dans les transports en commun, comment comprendre que les croyants qui le souhaitent ne puissent pas se retrouver pour prier dans les lieux de culte, en groupes restreints et dans le respect des normes sanitaires ? Le pain des boulangers est accessible, celui de l’Eucharistie doit l’être également. Les évêques de France ont proposé au gouvernement un dispositif adapté pour célébrer dans le contexte du coronavirus, à des échelles réduites et dans l’attention très concrète à la protection des personnes. Cela concernait non seulement les messes du dimanche mais aussi les baptêmes, les premières communions, les mariages… C’est donc douloureusement que nous avons accueilli l’interdiction de toute cérémonie, autre que les funérailles, dans les églises avant le 2 juin.
Quoiqu’il en soit, dans les prochaines semaines, nous utiliserons les possibilités à notre disposition pour vivre notre foi : célébrations de funérailles (jusqu’à 20 personnes), églises ouvertes à la prière personnelle, possibilité de se rassembler jusqu’à 10 personnes dans des lieux privés, l’accès à la communion… C’est une nouvelle étape. Les catholiques puisent en Dieu la force d’aimer et de servir, de témoigner de leur espérance et de vivre des solidarités très concrètes. Ils continuent de porter dans la prière tous leurs concitoyens, spécialement ceux qui sont durement touchés par cette grave crise sanitaire et économique, et souhaitent prendre toute leur part dans l’effort collectif. C’est tous ensemble, dans le respect des convictions de chacun, avec humilité, que nous pourrons relever les grands défis de ce temps.
Saint-Etienne, le 30 avril 2020
+ SYLVAIN BATAILLE
Évêque de Saint-Etienne
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