Un processus participatif en plusieurs étapes
A l’écoute du Peuple de Dieu
Rappelons que le pape François à invité chaque diocèse à proposer, à partir d’une consultation ouverte à tous qui s’est tenue en 2022, à formuler une contribution synodale diocésaine sur les défis à relever pour progresser dans la communion et la participation de tous au service de la mission. C’est à partir de ces documents que chaque conférence épiscopale (en ce qui nous concerne la conférence des évêques de France qui s’est réunie en juin) a rédigé et adressé à Rome une synthèse nationale.
“Élargis l’espace de ta tente” (Isaïe 54,2), document pour l’étape continentale (DEC)
Grâce à toute ces “collectes”, le secrétariat général du Synode, chargé d’animer, pour toute l’Église, le processus synodal a rédigé le document “Élargis l’espace de ta Tente”.Il s’agit d’un document destiné à être discuté dans une phase “continentale” et dont la version définitive, constituera l'”instrument de travail” pour les deux sessions romaines du Synode, convoquées par le pape et prévues en octobre 2023 et octobre 2024.
Dans cette perspective, il est demandé à chaque “Assemblée continentale” (pour l’Europe, 150 délégués synodaux se réuniront du 5 au 10 février, à Prague, en république tchèque) de discuter ce document et de proposer d’éventuels ajustements. Pour ce faire, les conférences épiscopales – et in fine l’ensemble des diocèses – sont à nouveau sollicités pour réagir sur ce document : quelles sont les convergences ou au contraire les différences constatées avec notre propre expérience synodale et notre contribution diocésaine ? Quels seraient nos priorités pour poursuivre la réflexion et ce chemin synodal ?
> + de précisions sur le site de la conférence des évêques de France
> Présentation des 14 français participant à l’assemblée continentale de Prague
Notre relecture diocésaine du document DEC
Cette note, adressée à la Conférence des évêques de France, a été travaillée dans le cadre de la commission synodale diocésaine qui s’est réunie en décembre 2022. Rappelons qu’elle est composée des membres suivants : Mgr Sylvain Bataille, P. Rodolphe Berthon, P. Philippe Brunel, P. Bruno Cornier, M. Cyril Faure, P. Patrick Frenay, Mme Myriam Granger, Mme Catherine Huron, M. Hervé Hostein, Mme Agnès Laborde, M. Noël Rey, diacre, M. Dominique Seytre, Mme Anne-Marie Vergnon
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Relecture du Document pour l’étape continentale
Cette note a été rédigée dans le cadre de la commission synodale diocésaine, une instance de 12 membres (4 prêtres, 1 diacre, 7 laïcs dont 4 sont LEME) appelés par l’évêque pour mener avec lui le processus synodal diocésain et qui se sont réunis en décembre 2022.
Le document « Elargis l’espace de ta Tente » a été diversement accueilli par les membres de la commission. Les ressentis se partagent entre une joie certaine de sentir battre le pouls de l’Eglise universelle, le constat des convergences globales entre le DEC et notre contribution diocésaine mais aussi un certain malaise avec plusieurs citations ou encore un certain flou théologique du document.
De fortes convergences entre le DEC et notre contribution diocésaine
Tout d’abord, l’impression dominante est celle d’une convergence avec les thèmes soulevés dans notre contribution diocésaine. Entre-autres :
- Un certain enthousiasme pour ce chemin participatif même si, comme pour l’ensemble de l’Eglise, nous sommes interrogés par l’absence remarquée des jeunes et de ceux qui ont une sensibilité plus traditionnelle.
- La centralité de l’accueil, l’approfondissement d’attitudes d’écoute et de dialogue comme antidotes au cléricalisme, le défi posé par celles et ceux qui se sentent en marge (et/ou ne pouvant plus accéder à l’Eucharistie…) ou qui ne se reconnaissent plus dans l’Eglise ; les souffrances causées par la révélation des abus dans l’Eglise.
- L’attente d’une liturgie plus compréhensible, « ressourçante » et participative.
- L’urgence de mieux former et accompagner la croissance des baptisés, des « disciples missionnaires », riches en charismes
- Le défi d’une gouvernance plus collégiale, d’une plus grande prise en considération de la place des femmes, notamment au plan institutionnel.
- La relative discrétion partagée par le DEC et par notre contribution synodale à propos de la famille.
Des ouvertures stimulantes
Par ailleurs, notre Commission diocésaine a relevé quelques thèmes plus marqués dans le DEC :
- Par exemple, l’importance donnée à l’œcuménisme et/ou au dialogue interculturel (venant notamment d’Églises en situation de minorité).
- L’urgence missionnaire soulignée par certaines Eglises
Le DEC rappelle aussi avec une (plus) grande force la nécessité de mieux déployer une « spiritualité synodale » qui valorise la grandeur du baptême en posant la question concrète de l’accompagnement et de la croissance des charismes.
Fraternité et enracinement dans la Parole de Dieu
A l’inverse, certains « accents » propres à notre contribution diocésaine nous semblent moins nettement exprimés dans le DEC :
- Le désir de « fraternité », une sémantique assez peu présente dans le document.
- Une plus grande place à donner à la « Parole de Dieu » dans le renouvellement de nos communautés.
Points à approfondir pour poursuivre le chemin synodal
Il nous semble que pour poursuivre le chemin, certaines « tensions » plus ou moins explicites dans le texte doivent être abordées et clarifiées au plan théologique, sans doute dans une relecture commune des textes fondamentaux de Vatican II sur l’Eglise, et en particulier de Lumen Gentium « L’Église Peuple de Dieu, corps du Christ, Temple de l’Esprit » :
- La Synodalité. Avec une optique très large de la synodalité (marcher ensemble en Eglise, marcher avec les autres confessions, avec les autres religions, les incroyants etc.), le terme ne risque-t-il pas d’être vidé d’une partie de sa substance et de perdre de son mordant ? Quelles sont les lieux, les échelles pertinentes mais aussi les limites de la synodalité ?
- La mission de l’Eglise. Plusieurs citations du document donnent l’impression de pousser une logique unilatéralement « inclusive ». Comment mieux articuler et équilibrer trois dimensions essentielles pour l’Eglise : l’hospitalité, l’accueil inconditionnel / la liberté fondamentale reconnue à chacun de confesser ou non la foi de l’Eglise / l’appel, pour celles et ceux qui se reconnaissent disciples, à un chemin de conversion ? Il apparaît important de mieux clarifier et actualiser d’une part les raisons d’être, le sens et les appels à la mission aujourd’hui, d’autre part ce qui nous constitue comme “communauté de foi” (place du symbole de la foi ?) ; tous sont appelés mais être membre de l’Église est le fruit d’une décision personnelle qui doit toujours être respectée. Le Christ a laissé une grande liberté à ses interlocuteurs et la synodalité ne peut se transformer en volonté de faire entrer tout le monde dans l’Église.
- Église hiérarchique et charismatique. Comment favoriser (et promouvoir concrètement) une meilleure complémentarité, articulation entre sacerdoce commun des baptisés et ministère ordonné ? Mener cette réflexion (et donc repréciser la spécificité du ministère ordonné) apparait nécessaire si l’on veut renouveler et développer sur de bonnes bases, cette authentique « spiritualité baptismale et synodale » qui apparaît comme une priorité à l’aube du IIIème millénaire.