Pour une Église toujours plus synodale
Message de Mgr Sylvain Bataille
Le Synode sur la synodalité vient de s’achever, au terme d’un long cheminement, depuis la large consultation du peuple de Dieu en 2021, jusqu’à la dernière assemblée de ce mois d’octobre. Un document final nous en livre les fruits, je vous invite à le lire. L’objectif de ce synode était un discernement dans l’Esprit pour de meilleures relations et de meilleurs fonctionnements dans l’Église, en vue d’un élan missionnaire renouvelé. Ce travail s’inscrit dans une époque paradoxale. D’une part beaucoup aspirent à jouer un rôle actif dans la vie de la société et de l’Église, en pesant sur les orientations et en prenant des responsabilités, avec un désir profond d’appartenance et de contribution au bien commun. D’autre part cette période est marquée par une désillusion grandissante à l’égard des institutions, des gouvernants et de la démocratie, une déception profonde due aux abus, une contestation souvent radicale de l’autorité et des inégalités toujours croissantes.
Dans ce contexte, le Pape François a lancé un travail de fond sur le thème : « Pour une Église synodale : communion, participation, mission ». Ces trois mots donnent les trois ingrédients de la synodalité. La clé fondamentale est la disponibilité à l’Esprit Saint qui crée la communion avec Dieu et entre nous. Il s’agit d’abord d’une « spiritualité synodale », d’une recherche commune de la volonté de Dieu, en s’écoutant les uns les autres pour discerner ensemble ce que l’Esprit dit et donne à l’Église aujourd’hui. Cela demande l’humilité, la patience, sans ambition ni désir de domination ou de contrôle, dans l’ouverture intérieure.
Le deuxième mot est la « participation » de tous les baptisés à la mission de l’Église. Nous sommes tous enfants de Dieu, dans une égalité fondamentale devant lui, et en même temps tous différents. Chacun a sa manière propre de donner, avec ses talents et ses limites. Saint Paul aime l’image du Corps pour évoquer l’Église. Le Christ en est la tête, chacun des membres est important et a besoin des autres. Évêques, prêtres, diacres, laïcs, religieux et religieuses, nous sommes complémentaires mais pas interchangeables. Une Église synodale est une Église qui accueille la diversité des vocations, des charismes de l’Esprit, des missions, une Église où chacun renonce à être le centre pour inscrire son propre engagement au service d’une mission qui le dépasse, une Église aussi où les plus pauvres et les plus fragiles ont toute leur place ; ils ont tant à nous donner. Les éléments constitutifs de l’Église ne risquent pas de changer, nous les recevons du Christ, mais la manière de les mettre en œuvre doit toujours être revue et adaptée, sous l’inspiration de l’Esprit, ce qui suppose d’accepter sans cesse de nous remettre en cause dans nos attitudes et dans nos fonctionnements.
Le troisième mot est « mission », qui dit le but de la synodalité. L’enjeu ultime n’est donc pas une nouvelle répartition des forces ou un changement radical d’organisation, mais le service de la mission, à savoir le Salut du monde en Jésus-Christ. Les attentes du monde sont trop fortes et les grâces de Dieu trop abondantes pour que nous nous stérilisions dans des luttes de pouvoir, des désirs d’indépendance ou de domination. L’appel d’un renouveau de l’évangélisation et de l’initiation chrétienne ne peut plus attendre. Les catéchumènes sont à notre porte.
Dans cette perspective de synodalité, nous avons voulu réajuster l’organisation de nos services pastoraux afin de favoriser les collaborations pour la mission et de toujours mieux répondre aux attentes de ceux qui s’adressent à nous. Notre annuaire 2025 présente les fonctionnements du diocèse avec transparence, les différents conseils où se vit la synodalité et les responsabilités de chacun, à tous les niveaux. Il veut faciliter les contacts entre tous, pour plus de communion et de collaborations.
Il me semble que la synodalité est déjà bien engagée dans notre diocèse, mais les travaux du synode nous invitent à la déployer d’une manière nouvelle, ce qui demande à chacun de nous une ouverture et une conversion, dans l’humilité et l’engagement, à la suite du Christ qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie.
+ Sylvain Bataille, évêque de Saint-Étienne