Frère Jacques Marie TRONCHON, frère du P. Louis Tronchon, religieux franciscain à Madagascar, est décédé le 12 octobre 2024 à l’âge de 79 ans. Marie-Dominique et Claire, nièces de Jacques ont accompagné Marie-Claude Meunier, la sœur de Jacques, pour ce voyage d’aurevoir à Madagascar. Nous vous partageons leurs témoignages.
Témoignage de Claire Schleicher
Marie-Claude avait prévu de rendre visite à son frère le sachant bien malade. Pendant les préparatifs du départ, elle a appris son décès. J’ai donc pris mon billet pour accompagner maman dans ce voyage d’aurevoir.
« Jacques était notre oncle qui vivait à l’autre bout du monde dans un pays si méconnu pour nous qui étions enfants. Nous ne le voyions que très rarement, mais à chaque fois le caractère exceptionnel de son séjour rendait le moment unique et inoubliable : sa bonté, son sourire, sa joie de vivre, étaient communicatives. Malgré l’éloignement, Jacques était bien présent parmi nous sa famille. Nous avons grandi avec ses histoires de Madagascar qui nous étaient contées et l’extraordinaire aventure humanitaire de l’ASA (Aide et Solidarité pour l’Afrique).
Lorsque, nous avons appris le décès de Jacques, partir à Madagascar était une évidence, sans savoir ce que ce voyage allait nous offrir. Nous qui n’avions que très peu l’occasion de voir notre oncle en France, ce voyage d’aurevoir, nous a plongé pendant 10 jours dans sa vie, quel bouleversement. Nous avons rencontré ses plus fidèles ami-es, nous avons beaucoup échangé avec l’équipe de travail de l’ASA, nous nous sommes recueillis avec les sœurs religieuses amies de Jacques. Quelle richesse et don du ciel de pouvoir faire ces rencontres. Notre présence, représentant la famille Tronchon, était très importante pour les Malgaches.
Nous avons été honorés de l’accueil qui nous a été réservé, une vague de chaleur humaine, un temps suspendu pour se recueillir en la mémoire de Jacques.
Sa volonté était de reposer à Ampasipotsy, un lieu d’une rare beauté, situé sur les terres des Hauts-Plateaux. Les paysages sont somptueux et grandioses, baignés de lumières différentes de l’aube au coucher du soleil, rizières en terrasses, vastes steppes, cratères, villages aux couleurs de la terre ocre rouge. Comme ces hommes et femmes que Jacques a sorti des rues de Tana pour une vie paysanne plus digne, il a fait une dernière fois la route éprouvante en 4×4 entre Tana et Ampasipotsy. Une fois arrivée, tous ceux qui pouvaient se rendre à pied sont venus, l’église était pleine et les villageois ont priés, chantés, veillés le corps de Jacques pendant 2 jours et 2 nuits pour témoigner leur immense gratitude et pour partager leur peine. Après la dernière messe, un long cortège de plusieurs km a accompagné le cercueil jusqu’à l’endroit choisi par Jacques, non loin du couvent des Clarisses. La tombe en forme de croix Franciscaine est impressionnante, et montre l’immense gratitude des Malgaches envers l’amour que Jacques a porté à leur pays.
Jacques a été un père, un guide, un frère pour de nombreuses personnes. Il a cru en son rêve d’humanité. Il a bousculé des portes, il a inspiré et il a su convaincre des personnes extraordinaires de le suivre.
L’œuvre humanitaire de Jacques à travers l’ASA est immense, c’est l’œuvre d’une vie. Merci à toi Jacques.
Claire Meunier-Schleicher
Témoignage de Marie-Dominique
Inspiré du Grand Vivant, François, le grand Saint d’Assise, Jacques, notre très cher oncle de Madagascar, s’est entièrement consacré à une œuvre qui l’a transcendé. Il lègue, ici à sa famille et là-bas, sur l’île Rouge, à son immense famille malgache, une œuvre qui incarne une foi sans mesure : une foi en Lui, le plus Grand, Celui à qui il a remis toute sa vie.
Ce voyage impromptu, décidé au débotté, nous a saisies comme dans un vertige face au précipice de cette œuvre, désormais orpheline. Avec ses amis des premières heures, comme avec tous ceux qui l’ont suivi tel un père, nous avons plongé dans un voyage, à la fois intime avec la mort, exposée là sans détours, mais aussi comme un pèlerinage. Ce cheminement vers ses terres tant aimées nous a conduites au cœur de rencontres inoubliables, avec ces frères et sœurs de cœur.
Chaque visage, chaque échange, chaque pas nous ramenait à Jacques.
Leurs visages, illuminés de lumière, portaient le deuil d’un grand frère, d’un père, d’un être si proche. Tous ces hommes et femmes nous ont transportées dans un véritable voyage hors du temps et de l’espace, durant ces deux semaines.
Louis, d’abord, et puis Jacques… Deux frères, deux oncles, se sont rejoints dans la simplicité d’une révérence à la vie. Un dernier au revoir, à l’autre bout du monde. Tous deux nous rappellent, par ce départ dans la simplicité, que l’Amour est plus fort que la mort.
Marie-Dominique Tronchon
