Cette année, nous célébrons le 800ème anniversaire de l’institution de la crèche par Saint François d’Assise.
« Humilité admirable et stupéfiante pauvreté : le Roi des anges, Maître du ciel et de la terre repose dans une mangeoire d’animaux »
(4ème lettre de Claire à Agnès)
« Voici le jour que le Seigneur a fait, jour de triomphe et de joie. Car un enfant nous est donné, il est né pour nous, pèlerin sur la route,
nulle chambre pour l’héberger, il est né dans une crèche »
(Office de la Passion, psaume pour le jour de Noël – St François)
Noël, révélation de l’amour dont Dieu nous aime, manifestation de l’humilité de Dieu, de l’abandon de tous les attributs de la puissance, de la désappropriation de Jésus
François prend conscience que Jésus continue de naître de s’incarner, de manifester sa présence… mais dans la discrétion, dans la petitesse. Il ne cesse de venir vers nous, de demeurer en nous, faisant appel à notre attention, à notre écoute, à notre accueil à notre amour comme un bébé qui suscite l’amour autour de lui. Cf Mt 25…
La confiance de Marie dans la Parole de l’ange est le modèle… Elle est source, naissance de Jésus dans nos vie, fécondité surgissant dans notre disponibilité.
François veut expérimenter tout ce que Jésus a vécu dans son incarnation.
Histoire de l’institution de la crèche par St François d’Assise – (Eloi Leclerc, Saint François d’Assise, le retour à l’Evangile)
Cet épisode se passe juste après une grande période de doute sur l’avenir de son Ordre. Le Seigneur lui parle « l’avenir de l’Ordre, c’est mon affaire ! Ne te trouble donc pas ! ».
Dès lors, pour François, la vie évangélique n’est pas de rêver d’une fraternité ou d’une Église de purs et de saints. C’est d’accepter de vivre avec ses frères, avec tous ses frères. Il s’agit de témoigner de son inépuisable pardon et de sa grâce toujours nouvelle. Alors, commence, ici et maintenant, le Royaume de Dieu, à la lumière de l’Évangile.
Telle est la clarté qui avait envahi François, au sortir de l’épreuve. Dès lors, il pouvait reprendre son chant. Et plus que jamais, ce chant était celui de l’humanité de Dieu. On était en décembre 1223. Un grand désir s’emparait de François : Célébrer Noël au milieu des gens de la montagne, à Greccio près d’un de ses ermitages, et cela d’une manière sensible, scénique, en reconstituant la crèche vivante.
« Je veux, disait-il, évoquer le souvenir de l’Enfant à Bethleem,
je veux le voir, de mes yeux de chair,
tel qu’il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin,
entre un âne et un bœuf. »
Cette idée neuve et naïve avait germé soudain dans son cœur, mais elle exprimait tout son être. C’était en vérité, une idée extraordinaire, géniale, comme seuls les poètes peuvent en imaginer : voir et faire voir, avec des yeux d’enfant, l’évènement du salut, Dieu dans son avènement de douceur.
Dans un monde de société équivalent au nôtre, il était nécessaire de redécouvrir la pauvreté de Dieu ; de revenir à l’humilité de Dieu, de retrouver la tendresse de Dieu.
François n’était ni théologien ni philosophe. « C’était un poète dont la vie entière était un poème. » Il fut le poète de l’humanité de Dieu et en même temps celui de la fraternité humaine. Ce fut le sens de ce Noël qu’il célébra à Greccio. Là, dans le rude hiver des hommes et de la nature, en communiant avec les gens les plus simples et avec les animaux eux-mêmes, il réinvita, dans une création poétique, la tendresse de Dieu. Et les hommes, écoutant ce chant de Noël, découvraient un monde nouveau dans lequel « le Dieu de majesté devenu notre frère », se laissait désormais rencontrer dans la relation.
Chapelle (construite en 1228) de la crèche de Greccio, fresque d’un auteur giottesque du 14e siècle avec la Vierge allaitant Jésus et Joseph méditant