Avis de décès
Monseigneur Sylvain Bataille, Évêque de Saint-Etienne,
Les prêtres et les diacres du diocèse de Saint-Etienne,
vous font part du décès du Père Maurice ARNAUD,
le 27 janvier 2021 à l’âge de 84 ans.
Les obsèques seront célébrées le lundi 1er février à 10 h en l’église St-Pierre-St-Paul de la Rivière à Saint-Etienne
Le Père Maurice ARNAUD, prêtre du diocèse de Saint-Etienne, sera inhumé au cimetière de Saint-Sauveur-en-Rue.
Nous le confions à la miséricorde du Père et nous rendons grâce pour sa vie et son ministère.
Quelques éléments de biographie
Maurice Arnaud est né le 31 mai 1936 à Saint-Sauveur-en-Rue où réside encore aujourd’hui une partie de sa famille. Tout au long de sa vie, il est resté attaché à ses racines familiales.
Il a été ordonné diacre à Marlhes en juin 1963 puis prêtre à Lyon le 21 décembre de la même année. Il a été successivement vicaire à Saint-Genest-Lerpt, Saint-Galmier, Bourg-Argental, Feurs, Saint-Bonnet-le Chateau. En octobre 1997, il est nommé modérateur des paroisses autour de Périgneux puis collabore à partir de 1999 à la paroisse saint-Vincent-en-Lignon. Entre 2002 et 2019, il réside à Saint-Priest-en-Jarez, tout en étant au service des paroisses Saint-Vincent-en-Lignon et Saint-Joseph-des-Bords-de-Loire.
En iuin 2019, il rejoint la Résidence de la Rivière puis la Cité des Aînés en septembre.
Témoignage du P. Maurice Arnaud ( en 2012)
Au début des années 60, Maurice Arnaud étudiait au séminaire de Francheville (avec les séminaristes de tout le diocèse de Lyon puisque le diocèse de St Etienne n’existait pas encore). Son ordination presbytérale fut célébrée le 21 décembre 1963. Sa formation, puis ses premières années de ministère, ont donc été fortement marquées par le Concile Vatican II…
« Avec mes collègues séminaristes, je sentais une stagnation dans la vie de l’Eglise. Je pense que ce sentiment était partagé par les clercs comme par les croyants actifs. On aspirait à un renouvellement. Personne n’imaginait que Jean XXIII allait tout bousculer comme il l’a fait. On le voyait plutôt comme un pape de transition. Dans le fait que la modernité vienne d’un pape très âgé, je perçois vraiment l’œuvre de l’Esprit. Avant le Concile, on pensait que c’était l’Eglise qui avait à dire au monde. Jean XXIII eut l’intuition que l’Église devait aussi écouter le monde.
Le Concile représentait une espérance folle pour nous. Je me rappelle l’image utilisée par Jean XXIII : « Il faut ouvrir les fenêtres de l’Eglise pour que l’air du monde rentre dans la pièce, et que l’Église en soit renouvelée ». Cela correspondait vraiment à une attente des chrétiens, en particulier dans les groupes d’Action Catholique, mais pas seulement. Nous avions besoin d’un nouveau souffle. Au séminaire, nous sentions qu’il allait se passer quelque chose…Nous avions par exemple, envie de prier, dans notre propre langue, dans les langues du monde, sans forcément exclure le latin d’ailleurs.
Pendant le Concile, nous nous tenions régulièrement informés. Un service de presse rendait compte des sessions. Tout ce qui allait dans le sens de l’ouverture était bien reçu. Les évolutions dans la liturgie étaient la face visible. La présence de l’Église au monde était sous-jacente.
Durant les dix premières années qui ont suivi, c’était le « top ». Grâce au Concile, je n’ai porté la soutane que durant six mois ! Au-delà de ce détail, des avancées importantes ont été possibles.
Je me souviens des messes de « jeunes ». À cette époque, on a assisté à une véritable explosion de chants liturgiques modernes, de célébrations animées. Cela a fait venir de plus en plus de monde …et pas seulement des jeunes.
Paul VI fut le premier pape à faire des voyages pour parcourir le monde. Le courant d’air a pour ainsi dire fait sortir, entre autres, le pape du Vatican !
Nous avons travaillé, prêtres et laïcs, à la mise en œuvre des textes du Concile. Les mots de l’Église nous semblaient parfois hermétiques. Dans notre diocèse, nous étions aidés par Henri Denis, théologien qui avait été expert au Concile accompagnant le cardinal Gerlier. Il nous a aidés à continuer à réfléchir. Il a en quelque sorte conduit la suite du Concile dans notre diocèse.
Grâce à Vatican II, les laïcs ont eu la possibilité de prendre leur place dans l’Église. L’Action Catholique a été partie prenante de bien des évolutions. Les mouvements ont été boostés par le renouveau du Concile. Dans les années 63-64, j’ai commencé à accompagner des groupes d’Action Catholique. J’ai eu de la chance d’être ordonné à ce moment-là !
Ensuite, nous avons eu quelques déceptions…peut-être parce que nous attendions trop ! Rome semblait trouver que nous étions allés trop loin. Des recadrages ont eu lieu dans la liturgie et la pensée théologique …
Aujourd’hui, je pense que nous n’avons pas encore assimilé tout Vatican II. Il nous reste encore des choses à découvrir de ce concile. Ces textes ont cinquante ans, nous avons à les faire résonner dans le monde d’aujourd’hui. Et rappelons-nous que le concile est pour l’Eglise Universelle. Certains Chrétiens, de par le monde, sont encore bien loin de vivre ce que propose Vatican II. L’Eglise est encore en chemin. »
Le Père Maurice Arnaud profite maintenant de sa retraite à Saint-Priest, tout en apportant encore son concours à deux paroisses de notre diocèse pour les célébrations dominicales. Il est bénévole depuis 25 ans à Amnesty International pour les prisonniers d’opinion, et à l’association JALMALV (jusqu’à la mort accompagner la vie) pour visiter des personnes à l’ICL. Il a gentiment accepté de faire avec nous un bond en arrière d’une cinquantaine d’années … Nous l’en remercions vivement !
Article paru en Mars 2012 – Numéro spécial “Vatican II a cinquante ans” – Bulletin “Au fil de la vie” – Paroisse Bienheureux Antoine Chevrier.
Homélie pour ses funérailles
Ordinairement marquée par de petits évènements, la vie des proches de Maurice : sa famille, à laquelle il était très attachée, ses amis, les habitants de Saint- Sauveur-en-Rue son village natal et ses nombreux amis au sein du diocèse, se trouve tout-à-coup ébranlée par sa mort….
Même si sa santé vacillante nous avait préparé à son départ, il reste que le moment de la mort surprend toujours. La mort nous surprend toujours car croyant où non, nous ne pouvons l’admettre, ce n’est pas toi Maurice qui dirait le contraire avec tout le temps que tu as passé comme membre actif de Jalmalv. Nous avions eu l’occasion de beaucoup en parler ensemble lorsque tu venais nous rendre visite à la Talaudière le samedi en venant prendre le café. Devant la mort de nos proches nous avons un moment de révolte, quelques soit l’âge du départ.
Mais comme pour nous ressaisir Maurice nous redit au travers du passage du livre des Lamentations que nous venons d’entendre, que la fidélité du Seigneur est inlassable. Ce livre qui décrit la détresse des Judéens déportés à Babylone est là pour nous redire ce que Maurice a ressenti à la maison des aînés avec l’isolement liée à la crise sanitaire que nous traversons.
Ce même livre témoigne en même temps du sursaut spirituel qui se fait jour au cœur de la tragédie. C’est aussi ce que Maurice veut nous dire et nous laisse comme signe d’Espérance en nous rappelant, comme le fait également le psaume, de « garder notre âme dans la Paix près de toi Seigneur ».
Oui le Seigneur entend ceux qui l’appellent, il est proche du cœur brisé et il sauve l’Esprit abattu.
Les textes qui ont été choisis ce matin son plein d’Espérance, et c’est bien l’essentiel que vous voulez nous redire du passage de Maurice sur cette terre, cette maison commune qu’il a parcourue souvent en randonnée et qu’il a écoutée au travers du cri des Hommes au cours de son ministère de prêtre.
Maurice était un homme de dialogue, il ne cherchait pas à dominer mais il savait écouter et accueillir. Il savait prendre son temps.
Il savait parler sans violence. Il ne refusait pas les affrontements quand la justice ou la solidarité étaient bafouées ; mais il était sans haine, et sans rancune dans les combats. C’était un doux mais un tenace qui ne se laissait pas abattre par les critiques ; il savait ouvrir des chemins de réconciliation.
De tels hommes sont heureux dit le Christ ; ils ont trouvé le secret du bonheur. Ils sont de plain- pied dans le Royaume de Dieu. Ils partagent aujourd’hui la Joie même de Dieu.
Retenons pour aujourd’hui et pour demain le secret du bonheur tel que le Christ nous l’annonce.
Cette page d’ Évangile nous donne des précisions sur les hommes et les femmes que Jésus déclare Heureux. Ce sont d’abord ceux et celles qui comptent sur Dieu plus que sur leurs propres ressources ou performances.
Ces Béatitudes ne sont pas d’abord un discours, elles sont une personne, Jésus christ. Jésus Christ fût l’homme des Béatitudes. Je vous invite donc à regarder celui que vous êtes venus entourer et à regarder en même temps Jésus Christ, dont le message est d’abord une vie avant d’être un récit. Je voudrais retenir trois points de ces Béatitudes qui me semblent témoigner des bonheurs qui habitaient Maurice :
-Son attachement aux personnes qui vivaient des fragilités, des pauvretés, avec le temps que Maurice a donné dans ses différentes missions comme dans l’accompagnement à Jalmalv pour aider les plus fragiles.
Seul le pauvre au sens évangélique du mot sait se réjouir de ce qu’on lui donne. Jésus Christ a été le pauvre par excellence. Son bonheur était de faire la volonté de son Père.
OUI « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux ».
-Son attachement à la Justice et à la Paix, dans l’accompagnement des mouvements d’Action Catholique et les luttes du monde agricole pour un avenir meilleur « Heureux les artisans de paix ils seront tous appelés fils de Dieu » « Heureux ceux qui sont persécutés par la Justice, le Royaume de Dieu est à eux. »
OUI, Jésus Christ a été ce passionné de Justice et de Paix. Il est venu sur terre pour embraser le monde de cette justice et de cette Paix.
-Son attachement à la fidélité : en famille, avec ses amis, au sein du village de Saint-Sauveur-en-rue, avec les paroissiens des divers secteurs où il a été envoyé.
OUI, Jésus Christ a été le fils fidèle de Dieu. Sa fidélité a été totale parce qu’il n’était pas encombré de lui-même. Il avait un projet, un seul celui d’aimer, aimer Dieu et ses frères. La pureté du cœur voilà ce qui rend l’Homme libre. « Oui heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ».
Chers amis, n’oubliez jamais le visage écoutant de celui que vous avez aimé et qui vous aimait. N’oubliez jamais ses pas à la rencontre des hommes. N’oubliez jamais ses mains tendues à sa famille : frères, sœurs, neveux, nièces, amis et autres personnes plus anonymes.
Voulez-vous que dans le silence durant quelques minutes, nous méditions le message que nous laisse Maurice au travers de ces Béatitudes, c’est un héritage à ne pas oublier et à faire fructifier, car c’est là que se trouve le vrai bonheur……………….
Adieu MAURICE.
Alain Arnaud, Diacre
.